Pouvez vous nous rappeler le contexte de votre reprise en 2006, et celui de l’opération que vous venez de monter sur votre société, les Laboratoires Filorga ?
Didier Tabary : Après un parcours dans différents groupes internationaux dans l’univers de la beauté, et suite à une recherche assidue d’une PME à reprendre, j’ai racheté en LBO les Laboratoires Filorga en 2006, en association avec deux investisseurs institutionnels et avec l’aide de Capital & Dirigeants Partenaires.
Les fondateurs m’avaient choisi pour la transmission de leur entreprise de 5 m€ de chiffre d’affaires à l’époque, fabricant et commercialisant des produits de médecine anti-âge. Elle disposait déjà et pour la plupart de bons produits, mais à destination essentiellement des professionnels de la médecine esthétique.
Cinq ans plus tard, nous allons vers les 25 m€ de chiffre d’affaires. L’entreprise est toujours plus internationale, toujours plus diversifiée dans sa clientèle et ses produits. Nous avons notamment lancé depuis la reprise une gamme grand-public distribuée en pharmacie, chez Marionnaud, Monoprix… Nos produits sont reconnus, notre marché est mondial et en croissance de plus de 15% par an.
J’ai souhaité début 2010 recomposer le capital de mon entreprise en devançant la clause de liquidité de mes investisseurs, afin de leur offrir une porte de sortie dans de bonnes conditions et d’augmenter ma participation, qui n’était que de 16% au départ.
Comment avez-vous procédé pour cette opération ?
C’est avant tout la rencontre avec des investisseurs de grande valeur et adaptés à ce second LBO qui a rendu possible l’opération. Nous avons préparé ensemble l’offre à présenter à mes investisseurs du premier LBO. La croissance et le potentiel de l’entreprise ont nécessité que je leur fasse une offre élevée. Satisfaits, ils l’ont acceptée et ont réalisé un très beau multiple sur leur mise initiale.
En parallèle, j’ai demandé à Capital & Dirigeants Partenaires qui maîtrise ces montages de m’aider dans la négociation avec mes futurs associés s’agissant de la structuration du nouveau LBO et de mes propres conditions pour la suite. Il s’agit en effet d’une double négociation, et il n’était pas possible pour moi d’être seul à la fois face à mes premiers investisseurs, et à la fois face à mes nouveaux associés.
L’opération s’est débouclée mi septembre 2010. Je détiens désormais la majorité de mon entreprise et mes nouveaux associés sont entrés pour que nous conduisions ensemble l’entreprise vers les 100 m€ de chiffre d’affaires.
Quels conseils donneriez vous à des dirigeants de PME souhaitant comme vous monter au capital de leur entreprise ?
Toujours être plutôt trop transparent que pas assez avec ses investisseurs, construire et préserver une bonne qualité de relation personnelle avec eux. Ce sont des associés sans lesquels rien ne serait possible dans les moments importants d’une PME, tels que sa transmission, ses moments difficiles, l’évolution du capital…
Le dirigeant doit quant à lui garder un coup d’avance sur sa stratégie, anticiper et absolument passer le temps nécessaire sur ce qui est stratégique, notamment en matière d’évolution capitalistique. Ne pas se laisser noyer par l’opérationnel !