La solution logicielle Kaliti apporte depuis 5 ans plus de qualité, de rapidité et de mobilité aux intervenants d’un chantier ou du suivi des bâtiments.
Comment est né le concept de Kaliti ?
Je suis ingénieur bâtiment de formation. J’ai travaillé de nombreuses années dans le pilotage de projets de construction. Après plusieurs gros chantiers livrés à des clients exigeants, je commençais à capitaliser une certaine expérience sur le management de la construction. Nous étions alors en 2011 et nous faisions le constat que la construction était un secteur d’activité dans lequel il y avait beaucoup d’innovations, notamment dans les techniques et matériaux de construction qu’en terme de management de l’information, nous étions encore dans des pratiques très anciennes.
Pour exemple, le travail d’un conducteur de travaux, qui a la responsabilité du budget de son chantier et de la bonne exécution des travaux, consistait à passer une grande partie de son temps en mobilité sur le chantier. Il allait à la rencontre des différentes équipes de construction, des entreprises, des ouvriers, pour gérer tous les paramètres de coûts, conformités et délais. Concrètement, il fallait dégager le plus de temps possible pour être présent sur le chantier, régler les problèmes techniques, identifier les potentiels futurs retards, s’assurer de la qualité et de la conformité des travaux exécutés, équipé, à l’époque, d’un carnet de notes et d’un appareil photo pour relever tous les problèmes constatés. Ces informations collectées, une deuxième journée de travail commençait l’après-midi et consistait à ressaisir informatiquement toutes ces données. Après avoir passé 3 ou 4 heures sur le terrain, il passait encore 2 à 3 heures pour formaliser et transmettre les données à tous les interlocuteurs concernés.
Nous nous sommes focalisés sur un besoin spécifique au début de l’aventure. En fin de chantier, nous faisons signer un PV de réception des travaux entre le promoteur et les entreprises qui actent la fin des travaux. Annexée à ce PV, nous établissons une liste de réserves qui rassemble tous les petits défauts encore présents dans le bâtiment et qui doivent être corrigés dans des délais contractuels afin de pouvoir considérer que les travaux sont vraiment terminés et que tout le monde puisse être payé. Dans un immeuble de bureau, il m’est arrivé d’établir une liste de 17 000 réserves, relevées une par une à la main, depuis la trace de peinture en haut d’un radiateur à la petite fissure près d’un interrupteur ! C’est une étape extrêmement chronophage et qui implique une double saisie.
En 2011, nous avons eu envie de travailler autrement. L’iPad était sorti un an plus tôt et nous avions l’intuition qu’il y avait des choses intéressantes à faire avec ces nouveaux outils informatiques en mobilité. Ingénieur de métier, j’ai donc rédigé un cahier des charges d’un outil qui pourrait apporter une forte valeur ajoutée dans la productivité des ingénieurs et architectes travaillant sur les chantiers. Et en réfléchissant au sujet, nous avons abouti à la création de l’entreprise Kaliti.
Quelles ont été vos premières étapes de développement une fois l’entreprise créée ?
En tant qu’ingénieur bâtiment, je me suis associé avec des spécialistes du développement informatique et également avec mon employeur de l’époque qui s’est positionné sur le projet comme un incubateur. Il a trouvé notre idée très intéressante. Il a proposé de prendre des parts dans la société et de nous accompagner, à la fois sur la logistique au quotidien et au niveau commercial, en partageant son carnet d’adresse.
La société a ainsi été créée en janvier 2012. Nous avions déjà travaillé sur une première version de logiciel que nous avons commencé à présenter aux clients. Nous sommes allés voir petit à petit les différents acteurs de la construction et de l’immobilier. Les premiers mois, j’étais seul au front office et j’avais une équipe de développeurs qui travaillait avec moi, avec qui j’étais associé.
La première année, nous avons recruté un commercial, la deuxième année un second ainsi qu’une office manager. Nous commencions à convaincre un certain nombre d’acteurs de la construction, et notamment des grands comptes. Des entreprises générales de construction, de type Bouygues, Effage, Vinci, à des promoteurs immobiliers qui interviennent tous sur les chantiers.
Nous leur avons proposé un outil collaboratif de pilotage de chantier où différents acteurs peuvent se connecter à une plateforme à chaque étape des travaux. Premier aspect, celui du constat : nous passons sur le chantier avec une tablette, avons accès à un certain nombre d’outils, au plan du projet et nous constatons des problèmes, des retards, des choses à faire, etc … Ensuite il y a un système de work flowqui va permettre de piloter les actions des uns et des autres. Chacun va pouvoir recevoir des notifications, intervenir, répondre. Un système de collaboration permet ainsi de relier trois profils d’intervenants : le promoteur, la maîtrise d’oeuvre (architecte et différents bureaux d’études techniques) et enfin les entreprises de construction.
Vous parvenez à rassembler tous ces profils sur un même outil ?
Au début, nos premiers clients nous regardaient avec de grands yeux. Pour certains c’était formidable et pour d’autres nous récoltions des réactions du type : “je n’y crois pas du tout, je travaille depuis trente ans dans le bâtiment, vous n’allez pas m’apprendre à faire mon métier !” Il fallait convaincre de changer les méthodes de travail pour passer du papier à la dématérialisation presque totale de tous ces process. Quand il y a cinq ans la question était de savoir s’il fallait s’équiper d’une telle solution, aujourd’hui la question s’est déplacée à comment la mettre en place et pourquoi le faire avec Kaliti ?
Ce qui particularise Kaliti c’est que nous sommes issus du métier. Nous avons un ADN d’experts des métiers de la construction. Tous nos recrutements se font selon cette optique. Au-delà d’être éditeur logiciel, notre expertise dans la construction nous permet de proposer à nos clients de travailler sur de nouveaux process et d’apporter des changements structurants dans leurs méthodes de travail en impliquant l’utilisation de notre application. Il y a une dimension de prestation de service qui est non négligeable : nous conseillons nos clients, nous leur vendons le service de paramétrage et d’adaptation du logiciel. Nous ne faisons pas de développement spécifique mais nous proposons un logiciel le plus souple possible pour pouvoir s’adapter et se paramétrer à différents types de projets. Tous nos clients utilisent la même version de la même application.
Vous rencontrez Capital & Dirigeants Partenaires en 2014. Quels étaient alors vos attentes ?
Nous étions en pleine croissance et nous avons réalisé courant 2014 que ce serait intéressant d’accélérer le développement. Nous nous sommes mis en recherche de fonds en rencontrant un certain nombre d’interlocuteurs financiers. Nous sommes rentrés en contact avec Capital & Dirigeants Partenaires lors de l’été 2014 et avons signé une augmentation de capital en décembre 2014.
Quels types d’investissements vous a permis de faire cette levée de fonds ?
Nous avons réparti les fonds à parts égales sur deux axes principaux. Le premier a été de poursuivre l’innovation en continuant à développer des outils qui permettent de répondre au mieux aux besoins sur les chantiers. Nous avions des clients très demandeurs. Il fallait que nous parvenions à financer les équipes de développeurs qui allaient travailler pendant des mois au perfectionnement de notre solution.
L’autre axe s’est porté sur la volonté de rendre l’équipe commerciale plus musclée et plus performante en recrutant sur 2015 et 2016. Nous sommes passés de l’étape de la petite boîte qui se débrouille pour développer son produit à une entreprise qui commence à être connue et reconnue sur son marché, dans le bâtiment, en France.
Aujourd’hui nous avons quinze salariés. Nous sommes à une étape de financement d’un deuxième tour de levée de fonds dans lequel Capital & Dirigeants Partenaires continue de nous accompagner en réinvestissant un montant supérieur au premier tour, avec l’ambition d’aller trouver un complément d’investissement auprès d’autres investisseurs tiers pour accélérer encore le déploiement. Fin 2016, nous avons fait le constat que nous avions transformé l’essai en réalisant le business plan annoncé. Nous avions beaucoup de perspectives très encourageantes. De gros clients avec qui nous travaillions de manière récurrente, sous forme de partenariats en contrat cadre étaient très demandeurs de nouvelles fonctionnalités.
Aujourd’hui, nous sommes toujours sur la même perspective de croissance : rajouter du monde à la R&D et au commercial pour pouvoir vendre le plus vite, le mieux possible et prendre un maximum de parts de marché, tout en investissant à moyen et long termes pour sortir tous les trois mois une nouvelle version de notre logiciel avec des nouveautés pertinentes.
Comment organisez-vous votre service après-vente ?
Nous avons plusieurs personnes qui s’occupent de veiller à la meilleure satisfaction de nos clients, avec une assistance aux utilisateurs qui est joignable à la fois par mail et par téléphone et qui permet de s’assurer que l’expérience client est bonne.
A moyen terme, quelles sont vos opportunités de croissance ?
Nous avons un produit de qualité, qui a pour ambition à devenir encore meilleur et nous avons l’ambition d’aller parler à d’autres marchés connexes qui ont des besoins qui se rapprochent de ceux du bâtiment comme l’industrie et l’hôtellerie par exemple. Nous avons plusieurs axes de croissance dans ce sens qui consistent à modifier un peu notre offre pour adresser de nouveaux segments de marchés.
Y compris à l’étranger ?
Aujourd’hui nous travaillons à l’étranger principalement par l’intermédiaire de clients français qui ont des chantiers en dehors de l’hexagone. Mais nous expérimentons des pistes de développement à l’export, notamment par la signature d’accords avec des acteurs locaux qui se positionnent comme distributeurs et porte-parole de Kaliti sur leur marché.