Vous avez réalisé en 2011 une levée de fonds visant à renforcer les capacités financières de la Polyclinique des Alpes du Sud. Quelles ont été les étapes et les contraintes de l’opération ?
Jean-Loup Cartier : Ce projet de levée de fonds remonte à 2008. Après avoir passé plusieurs années à nous réinstaller dans un bâtiment neuf à la proche périphérie de Gap, nous éprouvions le besoin de renforcer les fonds propres de notre bilan, mis à mal par cet investissement lourd, les aléas du chantier et de son financement.
C’est à ce moment que nous avons rencontré Capital & Dirigeants Partenaires et avons souhaité leur confier cette mission, du fait tant de leur expérience des opérations de levée de fonds que de leur connaissance et leurs contacts dans le secteur des établissements de soins.
Notre outil, de grande qualité, devait donc se doubler d’un bilan plus solide, ce d’autant que nous sommes en forte croissance et que cette croissance tire sur notre Besoin en Fonds de Roulement.
Christian Boyer : Au final, les investisseurs financiers se sont montrés réticents à entrer dans notre entreprise en raison de notre relatif isolement géographique et du fort endettement immobilier. Mais nous avons été par ailleurs au cours du processus courtisés par plusieurs groupes nationaux et régionaux pour une acquisition à 100%.
Nous avons au final réalisé l’opération de levée de fonds avec une famille propriétaire d’une très belle clinique à Aubagne, la famille Gautier, capable de juger notre projet médical dans la région et intéressée par la qualité de nos accomplissements dans ce domaine.
C’est suffisamment rare pour être souligné : ils ont accepté d’entrer en position minoritaire et de laisser les médecins continuer à mener le projet. En revanche et depuis, nous partageons et échangeons des bonnes pratiques sur de nombreux domaines, c’est enrichissant pour nous.
Parlez nous de votre activité…
Notre établissement représente 110 lits et réalise plus de 11 m€ de chiffre d’affaires. Il est propriétaire de ses murs. Il représente le pôle privé de référence à Gap et dans toutes les Hautes Alpes, et a vocation à consolider une offre de soins encore très fragmentée dans la région.
Notre établissement opère dans des domaines ciblés de spécialités chirurgicales (Orthopédie, Urologie, ORL, Ophtalmologie, Viscéral et Vasculaire) et médicales (Cardiologie, Gastro Entérologie, Neurologie). Nous avons aussi investi dans le secteur d’avenir qu’est l’hospitalisation à domicile, en partenariat avec le secteur public.
Quelle conclusion tirez vous de cette aventure et quels conseils donneriez vous à d’autres médecins, chefs d’entreprises, ou d’autres établissements de soins dans votre situation ?
Le premier conseil est d’anticiper le plus longtemps à l’avance possible sur ce type de démarche, afin de ne pas se trouver dans une situation de négociation sous la pression d’éventuels besoins financiers.
Le second conseil à donner est de se faire… bien conseiller. Il faut un Conseil capable de bien comprendre le fonctionnement de l’entreprise, les objectifs et les motivations des actionnaires dans la réalisation de l’opération financière.
La recherche d’un partenaire financier peut être aussi un travail de longue haleine, et il faut que le partenariat avec le Conseil, c’est-à-dire avec les personnes (Isabelle Lecomte et Bruno Annequin, assistés de Julien Dert dans un premier temps…), soit suffisamment fort afin qu’ils ne laissent pas tomber le client après les douze premiers mois sans succès, ou si une difficulté technique ou passagère se présente. Sinon il faut tout recommencer avec un autre…
La technicité du Conseil est également clé pour ces opérations. Notre actionnariat, réparti entre une cinquantaine de mains, est en effet composé de trois blocs : les médecins actifs dans l’établissement ayant le plus investi et qui participent à la gouvernance de l’établissement, ceux qui n’y participent pas, et un actionnariat historique plutôt éloigné de l’entreprise. Dans ce contexte, la maîtrise technique par Capital & Dirigeants Partenaires des Pactes d’Actionnaires, des mécanismes autorisés par l’ingénierie juridique de ces montages maîtrisés, nous ont permis de lever le montant que nous souhaitions (2,3 m€), tout en offrant à notre nouvel associé la quotité du capital qu’il souhaitait, tout en préservant notre dynamique médicale et le contrôle de l’établissement par le premier bloc de médecins actionnaires.
Quels sont vos projets ?
Nous devons continuer à investir dans nos domaines de compétence afin de couvrir totalement le champ des spécialités représentées dans notre établissement. Il faut que les habitants de notre territoire de santé aient une offre de soins de la même qualité que celle offerte dans des villes de taille plus importante. Un scanner sera installé dans les mois à venir à la Polyclinique. Le développement de l’hospitalisation à domicile va également se poursuivre en créant un groupement de coopération sanitaire en commun avec les centres hospitaliers publics du département.