Prompt à dénoncer les charges qui pèsent sur les entreprises ? Enclin à faire un parallèle désavantageux avec l’Allemagne sur le thème : « En Allemagne au moins, ils préservent leur compétitivité industrielle en maîtrisant les salaires… » ? Alors qu’attendons-nous pour nous scandaliser des prix de l’immobilier en France ? Ces prix français que The Economist trouve désormais « les plus surévalués au monde », et que l’on a complaisamment laissé filer depuis 10 ans ? Les prix ont doublé en France sur cette période. Ils ont stagné en Allemagne. Renault n’a donc d’autre choix que de payer plus ses ouvriers que Volkswagen. Car le salaire seul ne signifie pas tout : seul le revenu disponible après avoir payé son toit compte pour une famille, sa consommation, donc pour la croissance économique d’un pays.
Observons ce graphique… (en sachant que depuis, l’immobilier plonge de 35% en Espagne) :
C’est un carnage : les jeunes, les célibataires ont toutes les difficultés du monde à se loger. Les logements sont petits, accentuant encore s’il était besoin le stress des familles. Les divorces sont une ruine sociale et un appauvrissement (deux logements, deux abonnements Internet etc…). Et les loyers ont encore augmenté de 6% l’an dernier, dans une économie en récession et avec un pouvoir d’achat en baisse de 1% en 2012. La mobilité des salariés est impactée : les gens ne bougent plus pour continuer de bénéficier de loyers anciens. Le moral, la consommation sont touchés. Le pays est étranglé.
Le logement social est-il la solution ? Notre pays en compte déjà beaucoup et l’Etat ne peut tout. Nombre de logements locatifs en France = 11 millions, dont nombre de logements privés = 6 millions et nombre de logements publics = 5 millions (HLM, SEM, collectivités). Loyers des 6 millions de logements privés en 2009 = 39 milliards d’euros. Loyers des 5 millions de logements publics en 2009 = 17 milliards… La moitié en valeur ! Risques d’injustices et d’abus d’un côté. Encore un frein à la faim de sortir d’une situation aidée de l’autre. Le pouvoir d’achat des catégories n’ayant pas accès au logement aidé est lourdement amputé. Hors ce sont ces catégories les plus nombreuses et celles qui devront être au cœur d’une reprise économique demain.
L’immobilier peut-il créer de l’emploi ? La construction sans doute. Si justement on construisait assez. En revanche la bulle immobilière détruit des centaines de milliers d’emplois. Il en va de même pour les bureaux : à quoi sert il d’aider les entreprises, si leur principale charge fixe après les salaires ne cesse d’augmenter ?
Certes l’immobilier est le premier actif détenu par les français, au détriment des actions de leurs entreprises. Mais savent-ils ces français que la progression de la valeur de leur résidence principale ces dernières années est un leurre puisqu’ils n’ont pas vocation à redevenir locataires ? Si, cela sert à entretenir l’aspiration au retour à la campagne des citadins. Il est vrai qu’avec le prix d’un quatre pièce de grande ville on peut se payer une très belle maison en campagne. Sympa, mais peu porteuse économiquement comme ambition.
Le mythe de la « valeur refuge » pour la retraite doit être déboulonné de toute urgence : il n’y aura pas de reprise par la consommation en France tant que les prix de l’immobilier n’auront pas baissé de 25 à 40%.
Le mouvement des « Pigeons » avait raison : taxons plutôt la rente immobilière que l’argent qui travaille, prends des risques et créé de l’emploi ! Favorisons l’enrichissement des entrepreneurs comme des salariés par le développement des entreprises, de leurs exportations. Le potentiel français est énorme.
Allez, encore une série de chiffres. Il n’y a qu’à se baisser pour en trouver :